« Le Seigneur est ressuscité » ... « Il est vraiment ressuscité ! »

11 avril 2020

Il fait plus nuit que jour. C’est le tout petit matin. On ne voit pas le soleil, seuls les premiers rayons mettent un peu de lueur. Cependant commence, dans la pénombre, le troisième jour du confinement du cadavre de Jésus dans le tombeau. Le vendredi, lorsque le soleil glisse sur l’horizon, on l’a déposé là. Il y avait très peu de monde. Deux hommes seulement : Joseph et Nicodème. Ils ont fait ce qu’il fallait faire. Simplement, de loin, mais pas trop loin, quelques femmes regardaient. Elles ne connaissaient pas ces hommes. Mais elles trouvaient bon qu’ils fassent cela. Elles n’en avaient pas les moyens.

Le jour du sabbat, elles ont respecté la Loi. Le jour du sabbat, on compte le nombre de ses pas ! Le tombeau était trop loin de la ville. Elles sont restées, ensemble, à prier, et déterminées à aller au tombeau dès que ce serait possible. Ce sera le premier jour de la semaine, le « jour du soleil », avant que le lendemain soit le jour de la lune : lun-di. Mais le jour du soleil deviendra le jour du Seigneur, notre « dimanche ».

Il leur fallait honorer leur mort. Ce sont des femmes ! Elles ont un amour plus sensible et plus de courage que les hommes. Les disciples se terrent en effet. Ils sont dans la peur. Ce jour-là, ils ont inventé le confinement ! Comme aujourd’hui : la peur de la mort !

Peut-on imaginer que très secrètement dans le cœur de ces femmes il y a de l’espérance ? Je le pense. Jésus avait tellement dit que la mort ne serait pas la plus forte, que s’il devait mourir « selon les Ecritures », sa résurrection n’en était que plus certaine. Cependant, Jésus n’était pas mort en traversant la rue ! Il a été arrêté par les autorités religieuses de son peuple, la mort a été prononcée contre lui : « il a blasphémé », ont-ils hurlé, et le grand-prêtre a déchiré son vêtement. Puis, conduit devant le gouverneur romain, il a été humilié à l’extrême. On s’est moqué du « roi des Juifs », et pas seulement en paroles. On lui a tressé une couronne d’épines, enfoncée dans sa tête, et du roseau, dérision du sceptre royal, on l’a frappé. On a craché sur lui. Rien des horreurs dont l’homme est capable ne lui a été épargné. Il a été flagellé. Tellement qu’il a failli en mourir. Cela aurait évité la suite ! Mais, il y a eu la suite : le chemin vers le Golgotha. On a raison de parler de « chemin de croix ». Jésus était si affaibli qu’il a chuté et qu’il a fallu réquisitionner un Simon, pas Simon Pierre : il se cachait, mais Simon de Cyrène. Dont Marc, l’évangéliste, a connu les fils : Alexandre et Rufus.

Au Golgotha, sinistre lieu rond et nu, comme un crâne dégarni : c’est le calvaire chauve, ça n’a pas traîné. On l’a clouté sur le bois et on l’a élevé sur la poutre. On n’avait plus qu’à attendre qu’il meure. Le poids du corps tétanise les muscles de la poitrine, l’asphyxie gagne et finit par l’emporter. Un dernier souffle, et l’on meurt. Et, de fait, Jésus est mort avant les deux autres. On n’a pas eu besoin de lui briser les jambes ! Le mot latin - car c’est une spécialité romaine – est « crurifragium ».

Les femmes étaient là au Golgotha. Elles ont tout vu, tout observé. Cela s’est inscrit dans leurs cœurs : une traînée de sang ! Mais, comme je l’ai dit, elles sont plus courageuses que les hommes, et ce matin-là, comme le vendredi en début de soirée, elles vont au tombeau. Elles marchent à pas lents. Dans le silence. Que pourraient-elles se dire ? Les hommes les accusent toujours de trop parler, mais leur silence est habité. Leur amour pour Jésus est intact et leur amour est plus fort que la peur. Elles approchent du tombeau. Elles vont pouvoir s’incliner, laisser déborder leurs larmes et prier. Et maintenant elles sont devant le tombeau. Il est ouvert ! Elles sont stupéfaites. Mais, qu’est-ce que cela signifie ? La pierre a été roulée sur le côté, mais c’est une réalité brute, seulement matérielle. Et un tombeau, même ouvert, reste muet. Mais, voici que la parole surgit : « Il n’est pas ici ! Il est ressuscité ». Alors elles entrent et tout de suite elles sortent. Elles sont venues à petits pas, mais maintenant elles courent vers les disciples : « Le Seigneur est ressuscité ! »

Leur cri s’est répercuté jusqu’à nous. Il a franchi l’épaisseur de vingt siècles d’histoire et il est toujours aussi nouveau. Il se répète sans cesse dans nos cœurs et malgré le confinement nous nous le disons les uns aux autres : « Le Seigneur est ressuscité » - « Il est vraiment ressuscité ! » Frères et sœurs, nous sommes confinés, comme l’étaient les disciples, mais le Seigneur Jésus déconfine la mort, il libère la vie. Il nous donne espérance. Soyons dans l’espérance et la joie certaine que la vie, par lui, l’emporte sur la mort. Christ est vivant ! Que le Ressuscité soit pour nous le Ressuscitant !

Père Régis Doumas